Dall’epistolario, voll. XIV, XV, XVI, XVII, XVIII delle Opere di Galileo Galileo (edizione nazionale)
2359*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
Deventer, [novembre-dicembre 1632].
Ristampiamo questo capitolo di lettera, della quale l'autografo è andato perduto, dalla prima edizione, che fu riprodotta nelle successive: Lettres de M.r Descartes, où sont expliquées plusieurs belles difficultez touchant ses autres ouvrages. Tome second. A Paris, chez Charles Angot, 1659, pag. 346.
.... Pour ce que vous me mandez du calcul que fait Galilée de la vitesse que se meuvent les cors qui descendent, il ne se rapporte aucunement à ma philosophie, selon laquelle deux globes de plomb, par exemple, l'un d'une livre et l'autre de cent livres, n'auront pas mesme raison entr'eux que deux de bois, l'un aussi d'une livre et l'autre de cent livres, ny mesme que deux aussi de plomb, l'un de deux livres et l'autre de deux cens livres, qui sont des choses qu'il ne distingue point; ce qui me fait croire qu'il ne peut avoir atteint la verité.
Mais ie voudrois bien sçavoir ce qu'il écrit du flux et reflux de la mer, car c'est une des choses qui m'a donné le plus de peine à trouver, et quoy que ie pense en estre venu a bout, il y a toutesfois des circonstances dont ie ne suis pas éclaircy....
2797*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Deventer, fine di novembre del 1633].
Dalle pag. 349-351 dell'edizione citata nell'informazione premessa al n.° 2359.
.... ie m'estois proposé de vous envoyer mon Monde pour ces estrennes, et il n'y a pas plus de quinze iours que i'estois encore tout resolu de vous en envoyer au moins une partie, si le tout ne pouvoit estre transcrit en ce temps-là; mais ie vous diray, que m'estant fait enquerir ces iours à Leyde et à Amsterdam, si le Sisteme du Monde de Galilée n'y estoit point, à cause qu'il me sembloit avoir apris qu'il avoit esté imprimé en Italie l'année passée, on m'a mandé qu'il estoit vray qu'il avoit esté imprimé, mais que tous les exemplaires en avoient esté brûlez à Rome au mesme temps, et luy condamné a quelque amande: ce qui m'a si fort estonné, que ie me suis quasi resolu de brûler tous mes papiers, ou du moins de ne les laisser voir à personne. Car ie ne me suis pû imaginer, que luy, qui est Italien et mesme bien voulu du Pape, ainsi que i'entens, ait pû estre criminalizé pour autre chose, sinon qu'il aura sans doute voulu establir le mouvement de la terre, lequel ie sçay bien avoir esté autresfois censuré par quelques Cardinaux; mais ie pensois avoir oüy dire, que depuis on ne laissoit pas de l'enseigner publiquement, mesme dans Rome: et ie confesse, que s'il est faux, tous les fondemens de ma philosophie le sont aussi, car il se demonstre par eux evidemment; et il est tellement lié avec toutes les parties de mon traitté, que ie ne l'en sçaurois détacher, sans rendre le reste tout defectueux. Mais, comme ie ne voudrois pour rien du monde qu'il sortit de moy un discours où il se trouvast le moindre mot qui fust desaprouvé de l'Eglise, aussi aymé-je mieux le supprimer que de le faire paroistre estropié. Ie n'ay iamais eu l'humour portée à faire des livres; et si ie ne m'estois engagé de promesse envers vous et quelques autres de mes amis, afin que le desir de vous tenir parole m'obligeast d'autant plus à estudier, ie n'en fusse iamais venu à bout. Mais, après tout, ie suis assuré que vous ne m'envoyeriez point de sergent pour me contraindre à m'acquitter de ma dette, et vous serez peut-estre bien aise d'estre exempt de la peine de lire de mauvaises choses. Il y a desia tant d'opinions en philosophie qui ont de l'apparence et qui peuvent estre soustenuës en dispute, que si les miennes n'ont rien de plus certain et ne peuvent estre approuvées sans controverse, ie ne les veux iamais publier. Toutesfois, pource que i'aurois mauvaise grace si, apres vous avoir tout promis et si long-temps, ie pensois vous payer ainsi d'une boutade, ie ne laisseray pas de vous faire voir ce que i'ay fait, le plutost que ie pourray; mais ie vous demande encore, s'il vous plaist, un an de delay pour le revoir et le polir. Vous m'avez averty du mot d'Horace: nonumque prematur in annum; et il n'y en a encore que trois, que i'ay commencé le traitté que ie pense vous envoyer. Ie vous prie aussi de me mander ce que vous sçavez de l'affaire de Galilée....
2898*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE in Parigi.
[Amsterdam, febbraio 1634].
Da Oeuvres de Descartes, publiées par Charles Adam et Paul Tannery sous les auspices du Ministère de l'Instruction Publique. Correspondance, I. Paris, Léopold Cerf, Imprimeur-éditeur, 1897, pag. 281-282.
Mon Reverend Pere,
Encore que ie n'aye aucune chose particuliere à vous mander, toutesfois, à cause qu'il y a desia plus de deux mois que ie n'ay receu de vos nouvelles, i'ay creu ne devoir pas attendre plus long-temps à vous écrire; car si ie n'avois eu de trop longues preuves de la bonne volonté que vous me faites la faveur de me porter, pour avoir aucune occasion d'en douter, i'aurois quasi peur qu'elle ne fust un peu refroidie, depuis que i'ay manqué à la promesse que ie vous avois faite de vous envoyer quelque chose de ma Philosophie( 1). Mais d'ailleurs la connoissance que i'ay de votre vertu, me fait esperer que vous n'aurez que meilleure opinion de moy, de voir que i'ay voulu entierement supprimer le traitté que i'en avois fait et perdre presque tout mon travail de quatre ans, pour rendre une entiere obeïssance à l'Eglise, en ce qu'elle a deffendu l'opinion du mouvement de la terre. Et toutesfois pour ce que ie n'ay point encore vû que ny le Pape ni le Concile ayent ratifié cette defense, faite seulement par la Congregation des Cardinaux establis pour la censure des livres, ie serois bien aise d'apprendre ce qu'on en tient maintenant en France, et si leur authorité a esté suffisante pour en faire un article de foy. Ie me suis laissé dire que les Iesuites avoient aidé à la condamnation de Galilée; et tout le livre du P. Scheiner montre assez qu'ils ne sont pas de ses amis. Mais d'ailleurs les observations qui sont dans ce livre, fournissent tant de preuves pour oster au soleil les mouvemens qu'on lui attribuë, que ie ne sçaurois croire que le P. Scheiner mesme en son ame ne croye l'opinion de Copernic; ce qui m'étonne de telle sorte, que ie n'en ose écrire mon sentiment. Pour moy, ie ne cherche que le repos et la tranquillité d'esprit, qui sont des biens qui ne peuvent estre possedez par ceux qui ont de l'animosité ou de l'ambition; et ie ne demeure pas cependant sans rien faire, mais ie ne pense pour maintenant qu'à m'instruire moy-mesme, et me iuge fort peu capable deservir à instruire les autres, principalement ceux qui, ayant desia acquis quelque credit par de fausses opinions, auroient peut-estre peur de le perdre si la verité se découvroit.
2931*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE in Parigi.
[Amsterdam, aprile 1634].
Dal Vol. I, pag. 285-288, dell'edizione citata al n.° 2898.
.... Vous sçavez sans doute que Galilée a esté repris depuis peu par les Inquisiteurs de la Foy, et que son opinion touchant le mouvement de la terre a été condamnée comme heretique. Or ie vous diray que toutes les choses que i'espliquois en mon traitté( 2), entre lesquelles estoit aussi cette opinion du mouvement de la terre, dépendoient tellement les unes des autres, que c'est assez de sçavoir qu'il y en ait une qui soit fausse, pour connoistre que toutes les raisons dont ie me servois n'ont point de force; et quoy que ie pensasse qu'elles fussent appuyées sur des demonstrations tres-certaines et tres-évidentes, ie ne voudrois toutesfois pour rien du monde les soustenir contre l'authorité del'Eglise. Ie sçay bien qu'on pourroit dire que tout ce que les Inquisiteurs de Rome ont decidé n'est pas incontinent article de foy pour cela, et qu'il faut premierement que le Concile y ait passé. Mais ie ne suis point si amoureux de mes pensées, que de me vouloir servir de telles exceptions pour avoir moyen de les maintenir; et le desir que i'ay de vivre au repos, et de continuer la vie que i'ay commencée en prenant pour ma devise Bene vixit, bene qui latuit, fait que ie suis plus aise d'estre delivré de la crainte que i'avois d'acquerir plus de connoissances que ie ne desire, par le moyen de mon ecrit, que je ne suis fasché d'avoir perdu le temps et la peine que i'ay employée a le composer....
Pour les experiences que vous me mandez de Galilée, ie le nie toutes, et ie ne juge pas pour cela que le mouvement de la terre en soit moins probable. Ce n'est pas que ie n'avoüe que l'agitation d'un chariot, d'un bateau ou d'un cheval, ne demeure encore en quelque façon en la pierre après qu'on l'a iettée estant dessus; mais il y a d'autres raisons qui empeschent qu'elle n'y demeure si grande. Et pour le boulet de canon tiré du haut d'une tour, il doit estre beaucoup plus long-temps à descendre que si on le laissoit tomber de haut en bas; car il rencontre plus d'air en son chemin, lequel ne l'empesche pas seulement d'aller parallelement à l'horizon, mais aussi de descendre.
Pour le mouvement de la terre, ie m'estonne qu'un homme d'Eglise( 3) en ose escrire, en quelque façon qu'il s'excuse; car i'ay veu une patente sur la condamnation de Galilée, imprimée à Liege le 20 Septembre 1633( 4), où sont ces mots: quamvis hypothetice a se illam proponi simularet, en sorte qu'ils semblent mesme deffendre qu'on se serve de cette hypothese en l'astronomie; ce qui me retient que ie n'ose luy mander aucune de mes pensées sur ce sujet: aussi que ne voyant point encore que cette censure ait esté authorisée par le Pape ny par le Concile, mais seulement par une Congregation particuliere des Cardinaux Inquisiteurs, ie ne perds pas tout à fait esperance qu'il n'en arrive ainsi que des antipodes, qui avoient esté quasi en mesme sorte condamnéz autresfois, et ainsi que mon Monde ne puisse voir le iour avec le temps, au quel cas i'auray besoin moy-mesme de me servir de mes raisons....
2978*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
Amsterdam, 14 agosto 1634.
Dal Vol. I, pag. 303-306, dell'edizione citata al n.° 2897.
.... Le Sieur Beecman( 5) vint icy samedy au soir, et me presta le livre de Galilee; mais il l'a remporté a Dort ce matin, en sorte que ie ne l'ay eu entre les mains que 30 heures. Ie n'ay pas laissé de le feuilleter tout entier, et ie trouve qu'il philosophe assés bien du mouvement, encore qu'il n'y ait que fort peu des choses qu'il en dit, que ie trouve entierement veritable; mais, a ce que i'en ay pû remarquer, il manque plus en ce ou il suit les opinions desia receues, qu'en ce ou il s'en esloigne, excepté toutefois en ce qu'il dit du flus et reflus, que ie trouve qu'il tire un peu par les cheveus. Ie l'avois aussy expliqué en mon Monde( 6) par le mouvement de la terre, mais en une façon toute differente de la siene. Ie veus pourtant bien avouer que j'ay rencontré en son livre quelques une de mes pensées, comme, entre autres, deux que ie pense vous avoir autrefois escrites. La premiere est que les espaces par ou passent les cors pesans quand ilz descendent, sont les uns aus autres comme les quarrés des tems qu'ilz employent a descendre, c'est a dire que si une bale employe trois momens a descendre depuis A iusques a B, elle n'en employera qu'un a le continuer de B iusques a C etc.: ce que ie disois avec beaucoup de restrictions, car en effect il n'est iamais entierement vray comme il pense le demonstrer. La seconde est que les tours et retours d'une mesme chorde se font tous a peu prés en pareil tems, encore qu'ilz puissent estre beaucoup plus grans les uns que les autres.
Ses raisons pour prouver le mouvement de la terre sout fort bonnes; mais il me semble qu'il ne les estale pas comme il fault pour persuader, car les digressions qu'il mesle parmi sont cause qu'on ne se souvient plus des premieres, lorsqu'on est a lire les dernieres.
Pour ce qu'il dit d'un canon tiré parallelement a l'horizon, ie croy que vous y trouverés quelque difference assés sensible, si vous en faites exactement l'experience.
Pour les autres choses que m'escrivés, le messager m'oste le loysir d'y respondre, aussy qu'il m'est impossible de resoudre absoluement aucune question de physique qu'apprés avoir expliqué tous mes principes, ce qui m'est impossible que par le traité que ie me suis resolu de supprimer.
Les termes de l'imprimé de Liege( 7)sont; Quapropter idem Galileus, citatus ad Sacrum illud Tribunal Inquisitionis, et inquisitus et in carcere detentus, praevioque examine confessus, visus ferme fuit iterato in eadem sententia esse, quamvis hypotetice a se illam proponi simularet. Ex quo factum est ut, re optime discussa, pro tribunali sedentes iidem Eminentissimi Cardinales Inquisitores generato pronuntiarint et declararint, eundem Galileum vehementer suspectum videri de haeresi, quasi sectatus fuerit doctrinam falsam et contrariam Sacris ac Divinis Scripturis, hoc est, solem esse centrum mundi nec moveri ab ortu in occasum, terram vero contro moveri nec mundi centrum ipsam esse,aut quasi eam doctrinam defendi posse uti probabilem existimaverit, tametsi declaratum fuerit eam Scripturae Sacrae adversari, etc.
Ie vous remercie de la lettre que m'avés envoyee, et vous prie d'en faire adresser la response que ie vous envoye. Ie suis
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Vostre tres Obeissant et tres Affectionné Serviteur |
D'Amsterdam, ce 14 Aoust 1634.
3278*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE in Parigi.
[Leida, marzo 1636].
Dal Tomo I, pag. 340-341, dell'opera citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... Mais i'ay employé a cecy tout mon papier: il ne m'en reste plus que pour vous dire, que pour examiner les choses que Galilée dit de motu, il faudroit plus de temps que ie n'y en puis mettre a present....
3555
COSTANTINO HUYGENS a RENATO DESCARTES [in Leida].
Breda, 8 settembre 1637.
Bibl. dell'Accademia delle Scienze d'Amsterdam. Mss. XLIX, Lettres françoises de Constantin Huygens, T. I, pag. 759. – Copia di mano sincrona.
.... J'ai veu autrefois ce que Guido Ubaldo( 8) en a escrit et depuis Galilaeo, traduit par le P. Mersenne( 9); mais l'un et l'autre a pen de satisfaction, en imaginant que ces gens-la ne font qu'envelopper de superfluités obscures en deux ou trois positions, n'y ayant rien, à mon avis, qui se tienne d'une si claire et necessaire [facon?]....
3751
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Egmond de Binnen, 29 giugno 1638].
Dal Vol. II, pag. 194, dell'edizione citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... Vostre derniere lettre ne contient que des observations sur le livre de Galilée, ausquelles ie ne sçaurois répondre, pource que ie ne l'ay point encore vû; mais si tost qu'il sera en vente, ie le verray, seulement afin de vous pouvoir envoyer mon exemplaire apostillé, s'il en vaut la peine, ou du moins vous en envoyer mes observations....
3779*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Egmond de Binnen], 23 agosto 1638.
Dal Tomo II, pag. 333, 336, dell'edizione citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... I'ay consideré exactement la demonstration pretendue de la roulete, envoyée par M.r Fermat, laquelle commence par ces mots: Le centre du demi cercle N, le diametre etc.( 10); mais c'est le galimathias le plus ridicule que i'aye encore iamais vû. En effect il monstre par la que, n'ayant rien sceu trouver de bon touchant cete roulete, et ne voulant pas pour cela demeurer sans response, il a mis la un discours embarassé, qui ne conclud rien du tout, sur l'esperance qu'il a euë que les plus habiles ne l'entendroient pas, et que les autres croiroient cependant qu'il l'auroit trouvée. Si le S.r de Roberval( 11) s'est contenté de cela, on peut bien dire en bon latin que mulus mulum fricat. Vous m'aviez mandé, il y a un an ou deux, qu'il avoit escrit un livre contre Galilée, avec un titre fort fastueux( 12), de quoy ie n'ay plus ouy parler depuis; ie voudrois bien sçavoir ce qui en est reussi....
I'ay aussy le livre de Galilée, et i'ay employé deux heures a le feuilleter; mais i'y trouve si peu de quoy remplir les marges, que ie croy pouvoir mettre en une fort petite lettre tout ce que i'y pourray remarquer, et ainsy que ce ne sera pas la peine que ie vous envoye le livre....
3797*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Egmond de Binnen, 11 ottobre 1638].
Dal Vol. II, pag. 380-389, 393, 399, 402, dell'edizione citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
Mon Rev.nd Pere,
Io commenceray cete lettre par mes observations sur le livre de Galilée( 13). Ie trouve en general qu'il philosophe beaucoup mieux que le vulgaire, en ce qu'il quitte le plus qu'il peut les erreurs de l'Eschole, et tasche a examiner les matieres physiques par des raisons mathematiques. En cela ie m'accorde entierement avec luy, et ie tiens qu'il n'y a point d'autre moien pour trouver la verité. Mais il me semble qu'il manque beaucoup en ce qu'il fait continuellement des digressions, et ne s'areste point a expliquer tout a fait une matiere; ce qui monstre qu'il ne les a point examinées par ordre, et que, sans avoir consideré les premieres causes de la nature, il a seulement cherché les raisons de quelques effets particuliers, et ainsy qu'il a basti sans fondement. Or d'autant que sa façon de philosopher est plus proche de la vraie, d'autant peut-on plus aisement connoistre ses fautes; ainsy qu'on peut mieux dire quand s'esgarent ceux qui suivent quelquefois le droit chemin, que quand s'esgarent ceux qui n'y entrent iamais.
Page 2( 14). Il propose ce qu'il veut traiter, a sçavoir pourquoy les grandes machines, estant en tout de mesme figure et de mesme matiere que les moindres, sont plus foibles qu'elles; et pourquoy un enfant se fait moins de mal en tombant qu'un grand homme, ou un chat qu'un cheval, etc. En quoy il n'y a, ce me semble, aucune difficulté ny ancun suiet d'en faire une nouvelle science; car il est evident qu'affin que la force ou la resistence d'une grande machine soit en tout proportionnée à celle d'une petite de mesme figure, elles ne doivent pas estre de mesme matiere, mais que la grande doit estre d'une matiere d'autant plus dure et plus malaisée à rompre, que sa figure et sa pesanteur sont plus grandes. Et il y a autant de difference entre une grande et une petite de mesme matiere, qu'entre deux egalement grandes, dont l'une est d'une matiere beaucoup moins pesante, et avec cela plus dure que l'autre.
Pag. 8( 15). Il a raison de dire que les filets d'une chorde s'entretienent, a cause qu'ils se pressent l'un l'autre; mais il n'adiouste pas pourquoy cete pression est cause qu'ils s'entretienent, qui est qu'il y a de petites inegalitez en leur figure, qui empeschent que chascun d'eux ne puisse couler entre ceux qui le pressent.
L'invention pour se descendre (pa. 11( 16)) revient a mesme chose, et il n'y a rien en tout cela qui ne soit vulgaire. Mais sa façon d'escrire par dialogues, ou il introduit trois personnes qui ne font autre chose que louer et exalter ses inventions chascun a son tour, aide fort a faire valoir sa marchandise.
Pa. 12( 17). Il donne deux causes de ce que les parties d'un cors continu s'entretienent: l'une est la crainte du vuide, l'autre certaine cole ou liaison qui les tient, ce qu'il explique encore apres par le vuide; et ie les croy toutes deux tres fausses. Ce qu'il attribuë au vuide (pa. 13( 18)) ne se doit attribuer qu'a la pesanteur de l'air; et il est certain que, si c'estoit la crainte du vuide qui empeschast que deux cors ne se separassent, il n'y auroit aucune force qui fust capable de les separer.
La façon qu'il donne pour distinguer les effets de ces deux causes (p. 15( 19)) ne vaut rien, et ce qu'il fait dire a Simplicio (p. 16( 20)) est plus vray, et (p. 17( 21)) l'observation que les pompes ne tirent point l'eau a plus de 18 brasses de hauteur ne se doit point rapporter au vuide, mais ou a la matiere des pompes ou a celle de l'eau mesme, qui s'escoule entre la pompe et le tuyau, plutost que s'eslever plus haut.
P. 19( 22). Il examine la cole qu'il adiouste avec le vuide pour la liaison des parties des cors, et il l'attribuë a d'autres petits vuids qui ne sont nullement imaginables. Et ce qu'il dit (p. 22( 23)) pour prouver ces petits vuids, est un sophisme; car l'hexagone qu'il propose ne laisse rien de vuide en l'espace par ou il passe, mais chascune de ses parties se meut d'un mouvement continu, lequel descrivant des lignes courbes qui remplissent tont un espace, on ne doit pas les considerer, comme il fait, en une seule ligne droite. Et il n'importe qu'en sa figure les parties de la ligne droite, IO, PY, etc. ne soient point touchées par la circonference HIKL, car elles le sont en recompence par d'autres parties de la superficie ABC, et ainsy ne sont non plus vuides que les parties OP, YZ, etc.
P. 28( 24). C'est aussy un sophisme que son argument, pour prouver qu'un point est egal a une ligne ou a une superficie. Car in formâ on ne peut conclure, sinon que la ligne ou superficie n'est pas un plus grand cors solide que le point, et non qu'elle n'est pas plus grande absolument.
P. 31( 25). Il manque en tout ce qu'il dit de l'infini, en ce que, nonobstant qu'il confesse que l'esprit humain, estant fini, n'est pas capable de le comprendre, il ne laisse pas d'en discourir tout de mesme que s'il le comprenoit.
P. 40( 26). Il dit que les cors durs, devenant liquides, sont divisez en une infinité de points: ce qui n'est qu'une imagination fort aisée a refuter, et dont il ne donne aucune preuve.
P. 42( 27), Il monstre n'estre pas sçavant en la catoptrique, de croire ce qui se dit des miroirs ardans d'Archimede, lesquels i'ay demonstré estre impossibles en ma Diop., p. 119.
P. 43( 28). Son experience, pour sçavoir si la lumiere se transmet en un instant, est inutile; car les ecclipses de la lune, se rapportant assez exactement au calcul qu'on en fait, le prouvent incomparablement mieux que tout ce qu'on sçauroit esprouver sur terre.
P. 48( 29). Il fait considerer une ligne droite, descrite par le mouvement d'un cercle, pour prouver qu'elle est composée d'une infinité de poins actu, ce qui n'est qu'une imagination toute pure.
P. 50( 30). Tout ce qu'il dit de la rarefaction et condensation n'est qu'un sophisme; car le cercle ne laisse point de parties vuides entre ses poins, mais il se meut seulement plus lentement. Et pour moy, ie ne conçoy autre chose touchant cela, sinon que, lors qu'un cors se condense, c'est que ses pores s'estrecissent, et qu'il en sort une partie de la matiere subtile qui les remplissoit, ainsy qu'il sort de l'eau d'une esponge quand on la presse. Et an contraire, quand un cors se dilate, c'est que ses pores s'eslargissent, et qu'il y entre davantage de matiere subtile, ainsy que j'ay expliqué en plusieurs endroits de mes Meteores.
P. 54( 31). Ce qu'il dit de l'or trait n'est nullement a propos pour expliquer la rarefaction; car cet or ne se rarefie point, mais change seulement de figure.
P. 62( 32). Il est eloquent a refuter Aristote, mais ce n'est pas chose fort malaysée.
P. 69( 33). Il dit bien que les corpe descendent plus inesgalement viste dans l'eau que dans l'air; mais il n'en dit point la cause, et il se trompe (p. 70( 34)) ) disant, que l'eau ne resiste aucunement a estre divisée.
P. 71( 35). Il dit ignorer la cause qui soutient les gouttes d'eau sur les choux, laquelle i'ay assez expliquée en mes Meteores.
P. 72( 36). Tout ce qu'il dit de la vitesse des cors qui descendent dans le vuide etc. est basti sans fondement; car il auroit deu auparavant determiner ce que c'est que la pesanteur: et s'il en sçavoit la verité, il sçauroit qu'elle est nulle dans le vuide.
P. 79( 37). Sa façon de peser l'air n'est pas mauvaise, si tant est que la pesanteur en soit si notable qu'on la puisse appercevoir par ce moyen; mais i'en doute.
P. 83( 38). Tout ce qu'il dit icy ne peut estre determiné sans sçavoir ce que c'est que la pesanteur. Et tout ce qu'il met iusques a la fin de ce dialogue, touchant la musique, est vulgaire pour vous et pour moy.
P. 103( 39). Il dit que le son des chordes d'or est plus bas que celuy des chordes de cuivre, a cause que l'or est plus pesant; mais c'est plutost a cause qu'il est plus mol. Et il se trompe, de dire que la pesanteur d'un cors resiste davantage a la vitesse de son mouvement que sa grosseur.
P. 114( 40). Il compare la force qu'il faut pour rompre un baston de travers, avec celle qu'il faut pour le rompre en le tirant de haut en bas, et dit que, de travers, c'est comme un levier dont le soustien est au milieu de son espaisseur; ce qui n'est nullement vray, et il n'en donne aucune preuve.
P. 129( 41). Sa consideration, pourquoy les poissons peuvent estre plus grands que les animaux terrestres, n'est pas mauvaise.
P. 140( 42). Ce qu'il dit des bois qui doivent estre coupez en demi-parabole pour resister par tout egalement, est vraye a peu prés: mais tout le reste est vulgaire.
P. 146( 43). Ses deux façons pour descrire la parabole sont du tout mechaniques, et en bonne geometrie sont fausses.
P. 157( 44). Il suppose que la vitesse des poids qui descendent, s'augmente tousiours esgalement, ce que i'ay autrefois creu comme luy; mais ie croy maintenant sçavoir par demonstration qu'il n'est pas vray.
P. 166( 45). Il suppose aussy que les degrez de vitesse d'un mesme cors sur divers plans sont égaux, lorsque les elevations de ces plans sont egales, ce qu'il ne prouve point, et n'est pas exactement vray; et pour ce que tout ce qui suit ne depend que de ces deux suppositions, on peut dire qu'il a entierement basti en l'air. Au reste, il semble n'avoir escrit tout son 3 dialogue que pour donner raison de ce que les tours et retours d'une mesme chorde sont egaux entre eux, et toutefois il ne la donne point; mais il conclud seulement que les poids descendent plus viste, suivant l'arc d'un cercle, que suivant la chorde du mesme arc, et encore n'a-t-il sceu deduire cela exactement de ses suppositions.
P. 236( 46). Il adiouste une autre supposition aux precedentes, laquelle n'est pas plus vraye, a sçavoir que les cors ietez en l'air vont esgalement viste suivant l'horizon; mais qu'en descendant leur vitesse s'augmente en proportion double de l'espace. Or cela posé, il est tres aisé de conclure que le mouvement des cors ietez devroit suivre une ligne parabolique; mais ses positions estant fausses, sa conclusion peut bien aussy estre fort esloignée de la verité.
P. 269( 47). Il est a remarquer qu'il prend la converse de sa proposition, sans la prouver ny l'expliquer; a sçavoir que, si le coup tiré horizontalement de B vers E suit la parabole BD, le coup tiré obliquement suivant la ligne DE doit suivre la mesme parabole DB; ce qui suit bien de ses suppositions. Mais il semble n'avoir osé l'expliquer, de peur que leur fausseté parust trop evidenment. Et toutefois il ne se sert que de cete converse en tout le reste de son quatriesme discours, lequel il semble n'avoir escrit que pour expliquer la force des coups de canon tirez selon diverses elevations. De plus il est a remarquer qu'en proposant ses suppositions, il en a excepté l'artillerie, affin de les faire plus aisement recevoir; et que toutefois, vers la fin, c'est a l'artillerie principalement qu'il applique ses conclusions. C'est a dire, en un mot, qu'il a tout basti en l'air.
Ie ne dis rien des demonstrations de geometrie, dont la plus part de son livre est rempli, car ie n'ay sceu avoir la patience de les lire, et ie veux croire qu'elles sont toutes vrayes. I'ay seulement remarqué, en voyant les propositions, qu'il n'estoit pas besoin d'estre fort grand geometre pour les trouver: et iettant les yeux sur quelques unes, i'ay apperceu qu'il s'en faut beaucoup qu'il n'y suive les plus cours chemins.
Au reste cecy ne sera vû, s'il vous plaist, que de vous seul, qui avez desiré que ie vous l'escrivisse, et a qui i'ay tant d'obligations que ie croy ne vous devoir rien refuser qui soit en mon pouvoir. Sans cela ie ne me serois pas amusé a reprendre les fautes d'un autre, car il n'y a rien de plus contraire a mon humour. Et du moins, si ie l'avois fait, i'y aurois adiousté les raisons de mon dire plus soigneusement que ie n'ay fait, affin que ceux qui ne me connoistroient pas comme vous, ne se peussent imaginer que i'eusse iugé sans raison.
Ie passe aux articles de vos lettres, ausquels la violence du sommeil m'empescha dernierement de respondre. Et premierement, touchant Galilée, ie vous diray que je ne l'ay jamais vû, ny n'ay eu aucune communication avec luy, et que par consequent ie ne sçaurois en avoir emprunté aucune chose. Aussy ne voy-ie rien en ses livres qui me fasse envie, ny presque rien que ie voulusse avouer pour mien. Tout le meilleur est ce qu'il a de musique; mais ceux qui me connoissent peuvent plutost croire qu'il l'a eu de moy, que moy de luy: car i'avois escrit quasi le mesme il y a 19 ans, auquel tems ie n'avois encore iamais esté en Italie, et i'avois donne mon escrit au S.r Beecman( 48), qui, comme vous sçavez, en faisoit parade et en écrivoit çà et là, comme de chose qui estoit sienne....
Pour la force de la percussion, elle n'est point si mal-aisée à expliquer par mes Principes, que Galilée la represente sur la fin de son livre( 49); mais ie n'en sçaurois rien dire sans expliquer mes Principes, c'est a dire mon Monde....
Ce que dit Galilée, que les cors qui descendent passent par tous les degrez de vitesse( 50), ie ne croy point qu'il arrive ainsi ordinairement, mais bien qu'il n'est pas impossible qu'il arrive quelquesfois. Et il y a du méconte en l'argument dont se sert M. F.a pour le refuter, en ce qu'il dit que acquiritur celeritas, vel in primo instanti, vel in tempore aliquo determinato; car ny l'un ny l'autre n'est vray et en termes d'Eschole on peut dire que acquiritur in tempore inadaequate sumpto. Enfin tout ce qu'il dit des degrez de vitesse du mouvement, se peut dire en mesme façon des degrez de largeur du triangle ABC, et toutesfois ie ne croy pas qu'il veüille nier qu'entre le poinct A et la ligne BC, toutes les largeurs qui sont moindres que BC ne s'y rencontrent.
Vous remarquez fort bien en vostre lettre quelquesuns des paralogismes de Galilée; mais i'ay dit, au commencement de celle-cy, ce que ie pensois de tout son livre. Ie vous remercie de vostre experience du cylindre de chesne. Ie n'attribuë rien du tout au vuide, ny à la crainte du vuide; et toutesfois ie vous diray que l'explication de toutes les choses dont traitte Galilée, est fort facile selon mes Principes....
Et pour la refutation de l'opinion de Galilée touchant le mouvement sur les plans inclinez, M. F.( 51) se méconte, en ce qu'il fonde son argument sur ce que les poids tendent vers le centre de la terre, qu'il imagine comme un poinct, et Galilée supose qu'ils descendent par des lignes paralleles....
3813*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Egmond de Binnen], 15 novembre 1638.
Dal Vol. II, pag. 433, 436, 439-443, 445, 446-447, dell'edizione citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... Pour ce qu'a écrit Galilée touchant la balance et le levier( 52), il explique fort bien quod ita sit, mais non pas cur ita sit, comme ie fais par mon Principe. Et pour ceux qui disent que ie devois considerer la vitesse, comme Galilée, plutost que l'espace, pour rendre raison des Machines, ie croy, entre nous, que ce sont des gens qui n'en parlent que par fantaisie, sans entendre rien en cette matiere....
La proposition de Bonaventure( 53), geometre Italien, que vous avez pris la peine de transcrire en l'une de vos lettres, ne contient rien du tout de nouveau.
Ie n'ay point icy d'Aristote, pour y voir la question que M. F.( 54) dit que Galilée n'a pas entenduë( 55); mais ie n'y trouve pas plus de difficulté qu'à concevoir comment un homme, qui marche lentement, est une heure à faire le mesme chemin qu'il peut faire en demy-heure, lors qu'il va plus viste. Car les points qui sont proches du centre d'une rouë ne font autre chose, sinon qu'ils décrivent des lignes courbes, qui sont plus courtes que celles que décrivent les points plus éloignez, et qu'ils se meuvent à proportion plus lentement.
Ce que i'ay vu autresfois de Campanelle( 56) ne me permet pas de rien esperer de bon de son livre, et ie vous remercie de l'offre que vous me faites de me l'envoyer; mais ie ne le desire nullement voir....
Votre seconde lettre est divisée en trois parties, et la premiere contient diverses experiences, dont ie vous remercie; mais pour celles du tuyau, i'ay desia mis cy-devant comment ie desirerois qu'elles fussent faites; et pour ce qui est de rompre des cylindres de long ou de travers, ie croy que c'est tout à fait peine perduë, et qu'il est impossible de trouver aucune proportion entre l'un et l'autre: car la pluspart des cors sont beaucoup plus aisez à rompre en un sens qu'en l'autre; comme si vous prenez la longueur d'un cylindre dans la largeur d'une planche de bois, il sera incomparablement plus aysé à rompre que si vous le prenez dans la longueur de la mesme planche. Et un mesme bois, estant fort sec, sera plus aysé a rompre de travers qu'estant humide; et au contraire, en le tirant à plomb suivant sa longueur, ie croy qu'on le peut mieux rompre, lorsqu'il est humide, que lorsqu'il est sec.
La seconde partie contient vos remarques touchant Galilée, ou i'avoüe que ce qui empesche la separation des cors terrestres contigus, est la pesanteur du cylindre d'air qui est sur eux iusques à l'athmosphere, lequel cylindre peut bien peser moins de cent livres. Mais ie n'avouë pas que la force de la continuité des cors vienne de là; car elle ne consiste qu'en la liaison ou en l'union de leurs parties. I'ay dit que, si quelque chose se faisoit crainte du vuide, il n'y auroit point de force qui fust capable de l'empescher; dont la raison est que ie croy qu'il n'est pas moins impossible qu'un espace soit vuide, qu'il est qu'une montagne soit sans valée.
I'imagine les parties de la matiere subtile aussi dures et aussi solides que le puissent estre des cors de leur grandeur; mais pource qu'elles ne peuvent mouvoir nos sens, et que les noms de qualitez sont relatifs à nos sens, ils ne leur peuvent proprement estre attribuez; ainsi qu'on ne dit point que la poussiere soit dure et pesante, mais plutost qu'elle est molle et legere, à comparaison des cailloux, et toutefois chacune de ses parties est de mesme nature qu'un petit caillou.
Ie n'accorde point que le bois pourri, ou une chandelle, puissent estre sans mouvement lors qu'ils donnent de la lumiere, mais bien qu'ils ne donneroient point de lumiere, si leurs petites parties, ou plutost celles de la matiere subtile qui est dans leur pores, n'avoient un mouvement extraordinairement fort. Et pource que i'ay tres-particulierement expliqué la cause de ce mouvement et toute la nature du feu dan mon Monde, ie n'en ay point voulu parler en mes Essais, et ie ne sçaurois le faire entendre en peu de mots. I'avouë ce que vous dites de la souveraine condensation et souveraine raréfaction, et qu'il ne se peut faire aucune raréfaction en un lieu, qu'il ne se fasse autant de condensation en quelqu'autre; et il n'est pas malaisé de trouver où se fait la condensation compensative des cors qui se dilatent dans une fournaise, car l'air libre, qui est autour, peut facilement estre pressé; mais si on allumoit du feu dans une cave, dont toutes les ouvertures fussent exactement fermées, ce feu ne pourroit devenir fort grand, encore qu'il y eust eu quantité de bois ou de paille auprés, pour cela seul que l'air enfermé en cette cave ne se pourroit pas assez condenser.
Si la matiere subtile ne se mouvoit point, elle cesseroit d'estre matiere subtile, et seroit un cors dur et terrestre.
L'inégalité des descentes est autre dans l'eau que dans l'air, à cause que l'air et l'eau ne different pas seulement en solidité ou pesanteur, mais aussi en ce que les parties de l'eau, ayant d'autres figures que celles de l'air, peuvent estre caeteris paribus, plus ou moins difficile a diviser. Pour la rondeur des gouttes d'eau, voyez page cent quatre-vingt deux et deux cens quatre des Meteores.
Quand l'eau se filtre par un drap, il n'entre point d'air en ce drap, et il se fait une superficie de ses parties exterieures iointes à quelques-unes de celles de l'eau, qui l'en empesche et sert comme de tuyau, par dedans lequel coulent les parties interieures de cette eau; car elles sont en continuel mouvement de leur nature. Et ce mouvement qu'elles ont leur aide aussi à monter dans un morceau de pain, ou autre tel cors, dont les pores sont de telle grandeur et figure, qu'ils sont plus propres à recevoir les parties de l'eau que celles de l'air. Mais mon opinion n'est pas qu'un cors, estant poussé, ne puisse continuer à se mouvoir dans le vuide, c'est à dire dans un espace qui n'est rempli que d'une matiere qui n'augmente ny ne diminuë son mouvement; car, au contraire, ie tiens qu'il n'y peut iamais cesser de se mouvoir quand il a une fois commencé; mais bien qu'un cors n'aura aucune pesanteur dans ce vuide, c'est à dire aucune inclination à se mouvoir vers en bas plutost que vers les autres costez.
Ie croy bien que la vitesse des cors fort pesans, qui descendent par l'air avec une mediocre vitesse, s'augmente à peu prés en proportion doublée; mais ie nie que cela soit exact, et ie croy que cela n'arrive point lors que le mouvement est fort vite ou fort lent.
Ie crains aussi bien que vous que Monsieur de Beaune( 57) se méconte en ses Mechaniques, puis qu'il suit les fondements de Galilée.
I'ay desia tantost dit que l'air n'empesche pas seulement la descente des cors, en tant que pesant, mais aussi en tant que ses parties estant d'autre figure que celles de l'eau, elles peuvent estre plus ou moins aisées à diviser. Et voila tout ce que ie trouve à répondre à cet article....
Ne croyez pas tout ce qu'on vous dit de ces merveilleuses lunettes de Naples; car la pluspart des hommes, et principalement les charlatans, tel qu'est sans doute vostre Maire( 58), font tousiours les choses qu'ils racontent plus grandes qu'elles ne sont....
Ie ne croy pas qu'il y ait mesme raison de la vitesse des cors qui montent dans l'eau, avec leur legereté dans cette eau, qu'il y a de la vitesse de ceux qui descendent dans l'air, avec leur pesanteur dans ce mesme air, à cause que l'eau et l'air ne sont pas également fluides, caeteris paribus, ainsi que l'ay desia dit. Et la raison qui empesche que ces cors ne montent plus haut que la superficie de l'eau est qu'estant rares et legers, ils retiennent beaucoup moins l'impression du mouvement que les cors solides et pesans qui rejaillissent en haut, apres estre tombez contre terre; ce qui est cause aussi que leur vitesse ne s'augmente pas si approchant de la raison doublée, que fait la vitesse des cors qui descendent en l'air.
Ie vous remercie des soins que vous prenez pour soûtenir mon party; mais ie n'ay pas peur qu'aucune personne de iugement se persuade que i'aye emprunté ma Dioptrique de Roger Bacon et encore moins de Fioraventi( 59), qui n'a esté qu'un charlatan italien....
3827*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Egmond de Binnen, dicembre 1638].
Dal Vol. II, pag. 466, dell'edizione citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... Ie n'ay rien dit sur Galilée de ses portées de canon, qu'il reduit en tables( 60), à cause qu'après avoir desaprouvé toutes les raisons sur lesquelles il les fonde, il m'a semblé qu'elles ne valoient pas seulement le parler....
3843*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Egmond de Binnen], 9 febbraio 1639.
Dal Tomo II, pag. 495-496, dell'opera citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... I'accorde ce que dit Galilée, que l'eau n'a nulle resistance a estre divisee, cela s'entend au dedans de son cors, par un mouvement qui luy soit proportionné; et c'est ce que ie pense vous avoir escrit en quelqu'une de mes precedentes, a sçavoir qu'il n'y a point de liqueur qui ne puisse servir de medium aussy libre que le vuide, au regard des cors qui ne s'y meuvent que de certaine vitesse. Mais la superficie de l'eau ne laisse pas d'avoir de la resistance, ainsy que i'ai prouvé dans le Discours du sel( 61); et c'est pour cela que les aiguilles d'acier, les lames d'ivoyre etc., flotent dessus....
3848*.
RENATO DESCARTES a FLORIMONDO DE BEAUNE [in Blois].
[Egmond de Binnen, 20 febbraio 1639].
Dal Tomo II, pag. 518, dell'opera citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... Les petites remarques que i'ay faites sur le livre de Galilée, ne valent pas la peine que vous les voyez; mais, puis qu'il vous plaist, ie ne laisseray pas de prier le Reverend Pere Mersenne de vous les envoyer. I'ay bien pris garde que Galilée ne distingue pas les diverses dimensions du mouvement; mais cela luy est commun avec tous les autres, dont i'ay veu quelques écrits de mechanique....
3849*.
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE in Parigi.
[Egmond de Binnen, 20 febbraio 1639].
Dal Tomo II, pag. 526, dell'opera citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
.... Monsieur de Beaune( 62) me mande qu'il desire voir ces petites observations sur le livre de Galilée, que ie vous ay envoyées( 63)....
4129
RENATO DESCARTES a MARINO MERSENNE [in Parigi].
[Endegeest], 31 marzo 1641.
Dal Tomo III, pag. 349-350, dell'edizione citata nell'informazione premessa al n.° 2898.
Mon Reverend Pere,
Ie n'ay pas beaucoup de choses a vous mander a ce voyasge, a cause que ie n'ay point receu de vos lettres; mais ie n'ay pas voulu differer pour cela de vous envoyer le reste de ma response aux obiections de M.r Arnaut( 64). Vous verrez que i'y accorde tellement avec ma philosophie ce qui est determiné par les Conciles touchant le S.t Sacrement, que ie pretens qu'il est impossible de le bien expliquer par la philosophie vulgaire, en sorte que ie croy qu'on l'auroit reietée come repugnante a la Foy, si la miene avoit esté connuë la premiere: et ie vous iure serieusement que ie le croy ainsy que ie l'escris. Aussi n'ay'ie pas voulu le taire, affin de batre de leurs armes ceux qui meslent Aristote avec la Bible et veulent abuser de l'authorité de l'Eglise pour exercer leurs passions: i'entends de ceux qui ont fait condamner Galilée, et qui feroient bien condamner aussy mes opinions, s'ils pouvoient, en mesme sorte: mais si cela vient iamais en dispute, ie me fais fort de monstrer qu'il n'y a aucune opinion en leur philosophie, qui s'accorde si bien avec la Foy que les mienes. Au reste, ie croy que si tost que M.r Arnaut aura vû mes responses, il sera tems de presenter le tout a la Sorbone pour en avoir leur sentiment, et de la faire imprimer....
(8) Guidiubaldi e Marchionibus Montis Mechanicorum liber. Pisauri, apud Hieronymum ConcordiamMDLXXVII.
(12) Traité de Mechanique. Des poids soustenus par des puissances sur les plans inclinez à l'horizon. Des puissances qui soustiennent un poids suspendu à deux chordes. Par G. Pers. de Roberval, ecc. Inserito, con paginazione a parte (pag. 1-36), nella Seconde partie de l'Harmonie universelle del P. Mersenne (1637).